Né en 1960 à Bobo-Dioulasso au Burkina-Faso, alors Haute-Volta, Abou Traoré est issu d’une lignée de forgerons – charge symbolique et sociale située au delà de la dimension technique du travail.
Il hérite de la technique ancestrale de la cire perdue par son père, Assane Traoré et commence sa formation dès l’âge de 10 ans dans l’atelier familial.

Il fond et sculpte en son nom depuis 1983, année où il a imposé une rupture avec le productivisme qui régnait dans l’atelier familial pour se diriger vers la création artistique. Il a également apporté des améliorations à la technique du bronze dans le quartier de Koko de Bobo-Dioulasso (Quartier des bronziers).

Son originalité plastique met en évidence un artiste créateur et le fait remarquer par le Centre Culturel Français de Bobo-Dioulasso qui l’exposera de nombreuses fois.

Sa rencontre en 1984 avec des sculpteurs suisses et français du Groupe Fuzion tel que Pierre Jaggi marque un tournant dans son travail. Il intègre le groupe de 1984 à 1991 et expose avec eux en France et en Suisse.

En 1991, il est remarqué par Pierre Gaudibert, alors responsable du musée des arts africains et océaniens de Paris, qui le citera dans son livre « Art africain contemporain ».

Il participe également à la deuxième édition de Ouag’art au sein du Centre culturel français alors dirigé par Guy Maurette.
En mars 2001, il participe à un symposium avec des artistes du CCA Terre blanc (France) à Bobo-Dioulasso. Cette rencontre réoriente son travail vers une plus grande abstraction.

Il vend régulièrement ses œuvres à des collectionneurs africains et européens.
L’Etat burkinabè lui a fait plusieurs commandes publiques.
En 2012, il est repéré par l’Agence Deneulin qui promeut son travail en France et en Europe.

Dans son travail et tout en suivant la voie tracée par les ancêtres, Abou Traoré dépasse les automatismes de l’artisanat local pour remettre en question et élargir sa pratique du bronze en direction de la création artistique.
Son travail repose sur une recherche autour de la tradition Bobo de l’esprit des masques issue des animaux et d’un syncrétisme moderne et contemporain.

Par son travail, il cherche à apaiser les tensions et à rappeler les valeurs du vivre ensemble, de la tradition et du respect de l’environnement.

A partir de petites esquisses en cire, support à la réflexion et au cheminement artistique, il cherche, se dépouille et réfléchie en volume.
Son inspiration se construit dans ce processus manuel. Elle tourne autour de l’esprit de l’animal et comment passer de cette représentation schématique à l’abstraction.

Il a partagé sa technique et son approche avec de nombreux artisans bronziers de Bobo-Dioulasso et il a donné l’élan artistique à de jeunes artistes.
Il poursuit ses recherches dans le plaisir de faire ce métier, tout en rappelant qu’il ne connait rien et continue à apprendre.

Abou Traoré affirme la nécessité de rester présent au Burkina-Faso pour travailler et développer un art spécifique ancré dans son territoire.


Abou Traoré travaille le bronze à la cire perdue de manière traditionnelle.
Il suit et réalise chacune des étapes de la production de l’œuvre.
Chacune de ses pièces sont uniques. Parfois certaines ont pu être déclinées mais au maximum en trois exemplaires.