Portrait Abou Traoré

Je suis forgeron de part les liens du sang. Je n’ai pas besoin de fanfaronner en criant sur tous les toits les secrets du forgeron. Non.
Je suis sur la voie tracée par les ancêtres. Et je ne suis qu’au début du chemin. Je respecte les traditions et les applique comme elles m’ont été enseignées. Pas besoin de s’exhiber, mais ce qui aurait dû être fait l’a été en amont.
Je suis né forgeron, ça je ne peux pas me l’enlever.
Ma démarche artistique peut être autre que ce rôle de forgeron dans la société africaine et ma démarche est autre aujourd’hui. Mais cela ne m’empêche pas de jouer pleinement mon rôle de forgeron.

Il m’est difficile de me définir moi-même en tant qu’artiste. Mais je me suis engagé pour exprimer esthétiquement les valeurs qui me sont propres et contribuer à une culture universelle.
Mon empreinte est liée à la mythologie du masque africain et des origines de la création, dans l’univers traditionnel africain. Mon empreinte est donc liée à mon éducation, à mon vécu, à ma société et à une continuité de la transmission.

J’ai toujours travaillé avec cette technique de bronze, la facon dont j’ai appris. C’est vrai que je l’ai amelioré, j’ai ajouté d’autres techniques, j’ai d’autres manières de faire que j’ai appris.

Il y a le plaisir de faire ce metier qui fait que j’ai cette aisance avec la main. Ce que tu aimes faire, tu le fais avec amour. Quand je le fais, je le fais avec mon coeur. Pour toute chose qu’on réalise, il faut d’abord aimer la chose, avoir de la passion pour la chose, avant de se lancer. L’art se fait avec beaucoup d’abgnégation.

L’inspiration vient en travaillant. Je vais chercher l’inspiration et c’est vrai qu’elle tourne autour de l’environnement, des animaux, des representations animals, soit disant animal, mais pas figuratif, mais pas abstrait, pas completement abstrait. C’est cette demarche pour arriver à passer de l’autre coté de l’abstraction qui m’interesse beaucoup.

Je ne suis pas un bon dessinateur, je commence par faire de petites exquisses. Je commence par prendre la cire, dès que … en cherchant l’idee, que je trouve la forme, que je prends un bout de cire, je commence à faire un petit objet que je pose et je reflechie comment faire le cheminement jusqu’à me dire Tiens maintenant, je peux la réaliser, en cette dimension là.

Au-delà de la dimension esthétique, je définirais l’art comme une vibration de mon être intérieur qui se traduit dans ce que je veux créer et montrer.
Je pense que l’art contemporain est une réalité de notre temps qui s’ouvre de plus en plus aux diverses horizons de notre monde actuel.

Il faut dire que les émotions sont liées souvent à notre état d’esprit, ce qui peut nous influencer dans l’inspiration et dans l’acte de création. Mais je peux dire que les sentiments et la valorisation de l’homme et de la société prédomine dans mon travail. »